La photo du mois : « Extrême tension »
Retrouvez notre série d’articles sur le décryptage de clichés réalisés par les photographes de la préfecture de Police… bienvenue dans les coulisses de l’institution !
Romain, photographe de la préfecture de Police, est en reportage pour couvrir un exercice de simulation d’une double attaque terroriste dans un lieu privé et sensible de la capitale. Il arrive sur place et découvre, à l’instar des services de police présents, la situation au fur et à mesure qu’elle se déroule, comme en situation réelle.
Romain écoute ce qui se dit et se fond véritablement dans le décor. Il progresse avec la brigade de recherche et d’intervention (BRI) de la Direction régionale de la police judiciaire (DRPJ), dans un garage. Les trois hommes de la BRI avancent à tâtons, et arrivent sur une plateforme en sous-sol. Ils sont devant une porte-accordéon. Est-ce que les « terroristes » sont dans le garage ? L’un des hommes jouxtant le photographe, scrute attentivement, à droite, à gauche, pour détecter une éventuelle présence. Les deux autres, bouclier au poitrail, protègent leur équipier, prêts à un potentiel assaut. C’est à ce moment que Romain décide d’appuyer sur son…. déclencheur.
Faire ressentir la tension de l’exercice
« La situation est stressante », décrit Romain. « Les agents de la BRI sont très impliqués, ils vivent les choses au plus vrai. Tu es là, tout près, tu ressens la tension de l’exercice, extrême. » Et c’est bien ce que nous ressentons en regardant attentivement son cliché : nous sommes au cœur de l’action avec la BRI ! Malgré le rendu figé, le décor laisse augurer de l’incertitude de la situation – certains oseront dire du suspens, parce qu’après tout ce n’est, cette fois-ci, qu’un scénario-fiction.
Les hommes de la BRI sont équipés comme en condition réelle : fusils d’assaut en main, pistolets Glock à la ceinture, boucliers, casques de protection, protège-oreilles, gilets pare-balles, etc. Au centre de l’image, la dorsale ne laisse planer aucun doute sur leur appartenance. Les spécialistes reconnaîtront qu’il s’agit d’un exercice au ruban bleu sur le fusil de droite.
Le photographe a su prendre avec beaucoup d’exactitude l’atmosphère du moment. L’incertitude est accentuée graphiquement par la bande jaune, directement au second plan. Le flou de la situation rendu encore plus présent, au troisième plan, avec une vision réduite au rectangle de couleur de la porte-accordéon. Ce qu’il regrette en décryptant sa photo ? « Techniquement, elle est loin d’être parfaite ! Le lieu étant peu éclairé, je devais choisir une ouverture la plus grande possible. En même temps, j’avançais avec eux, et le choix de la vitesse d’obturation était délicat puisque lorsqu’elle est basse, il faut bouger le moins possible. J’ai donc pris au 1/60e de secondes. Il y a aussi du grain, parce qu’il me fallait augmenter au maximum la sensibilité. » Mais, au-delà des choix et contraintes techniques de la prise de vue, il se pourrait que le travail du photographe reporter consiste aussi à faire ressentir une situation, voire une émotion, en nous prêtant son œil… Pari gagné !