La photo du mois : « Déclic »
Retrouvez notre série d’articles sur le décryptage de clichés réalisés par les photographes de la préfecture de Police… bienvenue dans les coulisses de l’institution !
Romain est en reportage gare du Nord, dans le cadre d’un exercice dit « inter-forces », associant la Police, des militaires de l’opération Sentinelle, les équipes sûreté de la RATP et de la SNCF. Récemment arrivé à la préfecture de Police, c’est le premier reportage qu’il réalise d’un exercice de simulation en situation d’urgence. Il découvre le scénario en même temps que les participants : des individus violents ont été repérés dans un train, dans lequel ils ont commis une atteinte à personne passible de la Cour d’assises. Un contexte donc très particulier. Autant, sans doute, que le lieu où l’action se déroule. La gare du Nord est en effet la plus grande gare d’Europe. C’est une fourmilière de 80 000 m² sur 5 niveaux, où circulent plus de 2 000 trains chaque jour et dans laquelle se croisent plus de 700 000 voyageurs, dont 500 000 dans la gare souterraine pour le RER et le métro !
« Je la voulais, celle-là ! »
Arrivé en avance dans la gare, Romain déambule dans les étages et couloirs labyrinthiques, pour repérer les lieux. Comme un journaliste radio qui cherche les sons qui vont l’intéresser, le photographe a promené son œil, identifié des lignes et trouvé quelques accroches intéressantes, des points de vue…
« Je la voulais, celle-là ! », dit-il en regardant sa photo avec une satisfaction certaine. Il montre ce panneau, qui plante d’emblée le décor : « Gare du Nord – Bienvenue ». Au moment de l’opération, quand les policiers se dirigent dans les dédales de la gare et descendent cet escalier, il est là, au bon endroit. La lumière est faible, les contrastes importants, il va s’en servir. En quelques secondes, il place le panneau dans son viseur et ajuste la composition. Un reflet à gauche, un reflet à droite, ses sujets principaux sont bien au centre, il y a une perspective, il a le cadre qu’il veut… et le déclic !
De retour au bureau, quand il traite son reportage sur ordinateur, il fait le choix du noir et blanc. Pour accentuer le côté intemporel de l’instant et l’atmosphère intrigante du reportage, dans le feu de l’action d’un exercice de simulation sous haute tension. Les quelques reflets apportent à son cliché profondeur et mystère, ajoutant à l’ambiance très particulière d’un scénario de gestion de crise dans lequel le photographe est pleinement embarqué et qu’il nous fait vivre de l’intérieur. Les contrastes et la perspective ramènent le regard au centre.
Morale de l’histoire ? La photo, ce n’est pas seulement une succession de hasards, de conjonctions favorables, de talent ! C’est aussi un travail en amont, d’anticipation, de repérage, de recherche, d’observations, d’entrainement de l’œil, de mesure de la lumière… pour déclencher au bon endroit, au bon moment.