« Jike Cooper, Police Judiciaire », de P.Guillaume et A. Fouchard

C’est le roman de deux policiers de la préfecture de Police qui se sont rencontrés sur les bancs d’un amphi il y a plus de vingt ans. De cette amitié, est né un polar d’un nouveau genre, à découvrir en librairie le 25 février. Pierrick Guillaume et Alexandre Fouchard reviennent pour nous sur « Jike Cooper, Police Judiciaire », premier tome d’une série qu’ils ont déjà prévu de développer, et nous livrent en exclusivité, un petit extrait sonore de leur ouvrage.

 

Comment est née Jike Cooper ?

PG : en 2017, mon épouse m’a demandé d’écrire un petit polar pour le magazine qu’elle a créé à vocation mode et culturel destiné aux femmes (NDLR : Faust Magazine).
J’ai tout de suite pensé à collaborer avec mon ami Alexandre Fouchard (NDLR : commandant de police à la préfecture de Police jusqu’en 2017 et actuellement chef du bureau préparation à la gestion des crises de la direction générale de la police nationale) qui a déjà écrit pour le cinéma et la télévision. L’aventure a commencé : les nouvelles policières ont été publiées à raison d’une même histoire sur un an.
C’est avant le confinement que nous avons été contactés par les Mareuil Editions pour en faire un livre.

Pourquoi choisir un personnage féminin ?

AF : il nous semblait intéressant de parler de la féminité dans ce métier que l’on décrit toujours comme très masculin, très abrupt, alors que l’on a besoin d’approches multiples pour en saisir la complexité.
Nous étions tous les deux d’accord pour défendre ces notions.

« Au-delà, notre premier message était de faire du positif : être policier, c’est être dynamique, être en prise avec le monde, avec le réel, aimer les gens. »

 

En quoi « Jike Cooper, Police Judiciaire » se différencie-t-il des autres romans policiers ?

PG : il ne s’agit pas d’un polar avec une héroïne, un meurtrier, une résolution d’enquête. Nous souhaitions retranscrire une ambiance avec ses équipes, sa famille, et l’enquête qui est accessoire et vient polluer ses capacités à résoudre ses problèmes familiaux.
En réalité, il y a plusieurs enquêtes dans le livre, comme nous, policiers, nous les gérons : lorsque nous avons une semaine de permanence, nous pouvons avoir jusqu’à 8 affaires criminelles à mener.
Le livre est atypique, je n’ai pas connaissance pour ma part de ce type d’approche qui soit autant mi-documentaire et mi-fiction.

 

« S’il n’y avait qu’une chose à retenir concernant le livre, c’est qu’il s’agit d’une tranche de vie »

 

AF : dans ce premier roman – puisque notre idée est d’avoir un personnage récurrent – Jike est confrontée à deux homicides très différents dans leur réalisation et leur contexte qui vont appeler différentes approches. Cela va permettre de découvrir ses méthodes très particulières de management (NDLR : l’autre casquette de Alexandre Fouchard, le management dans des situations complexes).

Quelle est la part de réel de ce roman ?

PG : les enquêtes sont inspirées de celles que l’on a menées. La façon dont Jike enquête est similaire à la nôtre. L’idée est d’ailleurs de donner envie au lecteur d’être policier !
A travers Jike, nous voulions donner un volet explicatif sur le fonctionnement réel d’une enquête. Par exemple, sur le procès-verbal qui, dans la plupart des romans, n’est pas détaillé alors que dans la réalité les policiers passent leur temps à en rédiger.

Comment s’est établie l’écriture à quatre mains ?

PG : très simplement, j’ai écrit un premier jet, Alexandre a écrit dessus et voilà ! C’est la force de notre écriture. Nous avions peu de temps, puisque nous écrivions quand nous le pouvions le soir ou le week-end, mais avec toujours l’idée de proposer quelque chose de simple et de qualité.
AF : j’écris rarement seul, j’aime la collaboration dans l’écriture. Pierrick est très créatif. Il a amené son approche technique, son expérience des enquêtes (NDLR : depuis 17 ans au 2e DPJ, Pierrick Guillaume est aujourd’hui chef d’un groupe criminel sur les 18, 19, 20 et 10, 11, 12e arrondissements) et nous avons phosphoré sur des personnages composites avec tout ce que nous avons pu croiser dans notre vécu. L’idée était de pouvoir composer de véritables chroniques judiciaires.

Aviez-vous en tête d’autres romans en écrivant le vôtre ?

PG : j’ai été inspiré par une série américaine « Southland » qui décrit de manière bluffante le parallèle entre la vie de famille et la vie du policier ; ainsi qu’un livre de David Simon, « Baltimore », un docu police romancé que j’aurais adoré écrire car il y décrit très bien la façon de penser des policiers, de s’exprimer, etc. Je l’ai d’ailleurs offert à chaque membre de mon équipe ! Une réussite totale dont est tirée la série « Homicide », l’une des dix meilleures séries policières de tous les temps.

 

« Ce qui m’intéresse, c’est l’humanité dans ce métier. »

 

Jike Cooper, Police Judiciaire, Pierrick Guillaume et Alexandre Fouchard, Mareuil éditions, 205 pages

 

« Jike Cooper, Police Judiciaire » vu par Alexandre Fouchard

  • Le pitch en une phrase

Femme de caractère et mère de famille, Jike Cooper mène des enquêtes criminelles dans un milieu d’hommes au cœur de Paris ; femme, mère et flic, elle doit mener de front toutes ses vies et se prouver qu’elle est à la hauteur.

  • La fiche d’identité du personnage

Nom et prénom : COOPER, Jike
Née en 1983 à Dallas (USA), d’un père américain et d’une mère française.
A la double nationalité franco-américaine.
37 ans, mariée, 2 enfants (des filles de 5 et 8 ans).
Commandante de police et cheffe de groupe au 2e DPJ, elle est passionnée par les facteurs organisationnels et humains et le management d’équipe. Jike est aussi une enquêtrice talentueuse.
Elle aime cuisiner (quand elle a le temps), la littérature asiatique et piloter les voitures. Vite. Très vite…

  • L’origine du nom « Jike Cooper »

Pour le moment, c’est un secret !

  • Trois mots pour définir le livre

Humanité. Humilité. Energie.

  • Vos inspirations 

La vie de Pierrick, ma vie d’Alex et tout ce qui nous donne envie de faire bien notre travail. Les collègues vertueux et ceux qui se perdent, les regards de nos familles, de nos amis, des « gens », nos échecs, nos colères comme nos réussites…

  • Un extrait du livre et les raisons de ce choix

En quelques lignes, on a accès au personnage principal et d’emblée, on reconnait un personnage pluriel qui n’est pas suspect de quoi que ce soit, qui n’est pas susceptible d’être attaqué pour ce qu’il est. Jike est d’ici et d’ailleurs, elle est du monde.
Pour être policier, je pense qu’il faut être ouvert au monde et l’aimer.

 

Ecoutez un extrait de « Jike Cooper, Police Judiciaire » lu par Alexandre Fouchard