Du sergent de ville au gardien de la paix

Il y a 146 ans, le sergent de ville troquait son bicorne pour le képi du gardien de la paix. Comment le policier en uniforme s’est-il progressivement imposé dans le paysage urbain pour devenir une figure incontournable du quotidien des parisiens ?

Le sergent de ville

En 1829, le préfet de police Louis-Marie de Belleyme décide de réorganiser la police municipale parisienne avec la création du corps des sergents de ville. Placés sous la direction d’un commissaire de police, les sergents de ville sont chargés de l’exécution des lois et des ordonnances municipales. Ils sont vêtus d’un uniforme bleu et d’un chapeau à cornes devenant ainsi les premiers agents de police au monde clairement identifiables. En cas de besoin, la population est désormais certaine de s’adresser à des agents de la force publique.

Durant la Révolution industrielle (1765–1845), les effectifs de la police parisienne ne cessent d’augmenter pour faire face à la croissance démographique. De 85 sergents de ville en 1829, leur nombre passe à 292 en 1846. A la même époque, Balzac ou encore Alexandre Dumas, inspirés par la figure de Vidocq, le forçat devenu chef de la sureté, font de la police un mythe littéraire, anticipant l’émergence du « roman policier ».

Sergents de ville (1829-30)

Sergents de ville (1829-30)

L’éphémère gardien de Paris

En mars 1848, quelques jours après la troisième révolution française, le corps des sergents de ville est dissous. Le gouvernement provisoire souhaite organiser, sous de nouvelles bases, un corps spécial chargé de veiller à la sécurité publique. Le gardien de Paris voit alors le jour, vêtu d’une tunique bleue et d’un chapeau tyrolien à larges bords rappelant celui des belligérants américains de la guerre de Sécession. Cependant, ce service est rapidement abandonné et un an plus tard, le corps des sergents de ville est rétabli.

Les effectifs de la police parisienne s’accroissent encore durant le Second Empire (1852-1870) avec plus de 5 200 agents en 1860. A l’image du « Bobby » londonien, le sergent de ville, que l’on surnomme affectueusement le « sergot », devient une figure familière du paysage parisien.

Gardiens de Paris en 1848

Gardiens de Paris en 1848

Le tournant de 1870

Le 7 septembre 1870, quelques jours après la chute du Second Empire, le préfet de police Emile de Kératy remplace le corps des sergents de ville par celui des gardiens de la paix publique. Ces derniers troquent leur uniforme passéiste pour une tenue militaire avec laquelle ils participent aux combats contre l’armée prussienne qui assiège Paris. Cet aspect vestimentaire sera plus ou moins conservé jusqu’au 1er janvier 1873, date à laquelle le képi bleu est adopté et où le terme « publique » disparaît dans l’appellation.

Gardien de la paix mobilisé (1870)

Gardien de la paix mobilisé (1870)

Au début du XXe siècle, la police parisienne se modernise sous l’impulsion du préfet Louis Lépine. Il créé des unités spécialisées comme la brigade cycliste ou la brigade fluviale et définit les premières règles de circulation dans les rues de la capitale. Equipée d’un bâton blanc et d’un sifflet, la figure du gardien de la paix telle que nous la connaissons aujourd’hui prend définitivement forme dans l’espace public parisien.

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Aujourd’hui, l’uniforme du gardien de la paix s’est transformé et adapté à l’évolution de ses fonctions. Si l’uniforme est toujours bleu, la casquette, plus légère et plus pratique, remplace le képi d’autrefois. Même si certains agents lui préfèrent encore le casque et la cagoule…

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