« Autopsie pastorale » de Frasse Mikardsson
Commençant sa carrière de légiste en 2009, Frasse Mikardsson, de son vrai nom Jean-François Michard, s’envole pour la Suède en 2011 où il exercera pendant près de 10 ans. À son retour en France, il devient directeur adjoint de l’institut médico-légal de Paris. Puis, en 2021, il rédige son premier roman, intitulé « Autopsie Pastorale ». Dans celui-ci, il met à l’honneur, au fil des pages, la ville historique de Sigtuna qui devient le cœur d’un mystérieux décès. Lillemor Bengtsdotter, pasteure à la retraite et malade du cœur, est retrouvée sans vie dans le presbytère de sa ville. Un dossier aux apparences banales, qui pourtant va se révéler être un véritable casse-tête.
Dans votre livre, cherchiez-vous à mettre en avant la Suède ?
Oui, l’idée était de mettre à l’honneur la ville où je vivais lorsque j’étais en Suède. Je suis tombé amoureux de ce lieu. Historiquement, c’est ici que l’ère viking prend fin et que le Moyen-Âge démarre. C’est pour cela que la scène de crime se passe dans un haut lieu historique.
Pour quelles raisons avez-vous souhaité écrire un roman ?
J’ai voulu me lancer dans cet exercice parce qu’un jour j’ai eu une vision : celle d’une pasteure que l’on retrouve morte dans l’église Sainte-Marie (NDLR : église de la ville de Sigtuna, non loin de Stockholm). Je me suis demandée comment cette pasteure pourrait subitement décéder. Alors, quoi de mieux que d’en écrire un livre pour connaître la suite ?
Le livre est-il basé sur des faits réels ?
J’ai reçu un jour un défunt décédé à domicile et l’interne qui s’en occupait avait écrit trois pages expliquant qu’il voulait qu’une autopsie soit demandée. J’ai repris et modifié quelques passages de son rapport, ce qui a inspiré le prologue d’ « Autopsie Pastorale ». C’est donc une traduction assez fidèle d’un dossier médical puisque la problématique a été conservée. La genèse s’en inspire, mais la suite est purement inventée même si je me suis appuyé sur des moments de vie et des anecdotes pour créer des personnages ou des scènes.
Quelle anecdote par exemple ?
Il y en a eu quelques-unes ! Au début du livre, Pierre Desprez, un des personnages clés de l’histoire, visite une maison dans laquelle un cadavre a laissé une tache au sol. L’agent immobilier tente de la camoufler en la recouvrant d’un tapis, mais Pierre étant bien renseigné sur l’histoire de la maison, tourne la situation à son avantage et révèle devant l’agent et les visiteurs la réalité sur cette trace. C’est cette anecdote, inspirée par le vécu d’un collègue légiste ayant perdu sa mère, qui m’a permis d’écrire ce passage de l’histoire.
L’arsenic est au cœur de l’intrigue, pourquoi ce choix ?
Je ne m’intéressais absolument pas aux métaux lourds avant ce roman. Mais il fallait que je trouve une cause de décès qui respecte l’histoire des lieux et soit réaliste. J’ai visité le musée de Sigtuna dans lequel j’ai trouvé une fiole qui datait de 1935. Son histoire était liée à celle d’un homme mort d’une insuffisance cardiaque ; cela m’a intrigué et j’ai cherché quel poison aurait pu contenir dans cette fiole : l’arsenic était celui qui me paraissait le plus évident.
Vous retrouvez-vous dans un des personnages ?
C’est après avoir créé le personnage de Magdalena af Skelleftea que je me suis rendu compte de ma ressemblance avec elle. À l’origine, elle est inspirée d’une de mes collègues qui portait le même prénom et venait de la ville de Skelleftea. Pour les autres personnages, mon entourage a joué un rôle clé. Certains collègues sont devenus un seul et même personnage, quand d’autres m’en ont inspiré plusieurs.
Comment est né votre vocation professionnelle ?
J’ai d’abord été médecin généraliste. À l’époque, choisir une spécialité de médecine légale n’était pas possible. Les premiers internes en médecine légale en France datent de novembre 2017. Je me suis donc tourné vers la médecine générale puis un diplôme de droit médical et j’ai travaillé avec des légistes pour ma thèse de médecine générale. Petit à petit, je me suis dit que c’était quelque chose fait pour moi.
Un dernier mot pour nos lecteurs ?
Je mentionne dans le livre quelque chose qui me tient à cœur depuis longtemps. Ce que j’apprécie beaucoup dans l’autopsie c’est qu’on ne sait jamais quelle va être la cause du décès. On est toujours surpris. C’est une vision que j’ai mise dans mon livre parce que je la traîne avec moi depuis longtemps.
« Autopsie pastorale », de Frasse Mikardsson. Éditions l’Aube Noire, 333 pages. En savoir plus.