« Le chat d’Oran » : de la BRI à l’écriture

Brigade criminelle, brigade des stups, brigade de recherche et d’intervention (BRI), etc., Georges Salinas a mené l’essentiel de sa carrière de policier au sein de la police judiciaire de la préfecture de Police, pendant plus de 20 ans. Chef adjoint de la BRI notamment en 2015 où il mena avec ses équipes des opérations d’envergure dans la lutte contre le grand banditisme et le terrorisme, il est aujourd’hui chef des protections du gouvernement et des personnes menacées au service de la protection (SDLP) du ministère de l’Intérieur.
A l’occasion de son premier roman, « Le chat d’Oran », il se confie sur ses projets d’écriture à la rédaction de Préf Police le blog.

Préf Police le blog : en quelques lignes, si vous deviez présenter votre livre ?

Georges Salinas : c’est la vie d’un policier « pied-noir » enquêtant pendant les évènements de la guerre d’Algérie, son implication dans une lutte contre le terrorisme dans sa vie professionnelle et dans sa vie familiale, son départ en France métropolitaine et son arrachement à son pays d’origine.
C’est un sujet d’actualité, l’Algérie a toujours eu une place à part dans la colonisation, c’est un des rares pays où les douleurs persistent.
Il y a toujours une implication émotive et un débat vif et animé, pour les personnes originaires de ce pays.

PPLB : est-ce votre premier ouvrage ? Combien de temps avez-vous consacré à son écriture ?

GS : c’est mon premier livre. J’ai toujours été passionné par l’écriture. Dès l’âge de 12 ou 13 ans, j’écrivais déjà des nouvelles policières.
J’ai mis quatre ans pour faire ce livre, écrivant le soir ou pendant mes week-ends de repos : trois ans d’écriture et de recherche documentaire et un an de relecture.

 

PPLB : comment avez-vous eu l’idée de ce livre ?

GS : tout vient de l’histoire de mon père, ancien policier affecté dans la lutte contre le terrorisme en Algérie dans les années 60. L’idée m’est venue, certes de la vie policière de mon père, mais aussi de ce que pouvait vivre ma mère pendant cette période difficile. De plus, l’action des policiers pendant cette guerre a été peu traitée.

 

« Dans le livre, les opérations de police très réalistes sont un mélange entre l’histoire de mon père et ma propre expérience de policier à la BRI »

 

PPLB : dans votre ouvrage, le héros est soumis à certaines pressions violentes. Avez-vous été confronté, au cours de votre carrière, à ce genre de menaces ?

GS : je n’ai jamais subi de menaces précises même si policier est un métier à risque, d’autant plus lorsque vous êtes à la BRI. Il existe un stress que doit également gérer la famille. J’ai retrouvé cette même forme d’angoisse familiale lors des attentats de 2015, cette souffrance que pouvait ressentir ma mère à l’époque des évènements d’Algérie.

PPLB : votre objectif était-il de coller au plus près de la réalité ?

GS : ce livre est un récit avant tout, j’ai essayé de le faire coïncider de façon très étroite avec la réalité, le personnage principal est un policier d’élite de fiction avec néanmoins une histoire et un fil rouge actuel et bien réel.
Dans le livre, les opérations de police très réalistes sont un mélange entre l’histoire de mon père et ma propre expérience de policier à la BRI, même si les méthodes ont évolué… Mais une filature reste une filature.

 

« J’ai effectué un énorme travail de recherche (…) et j’ai tenu à ce que mes travaux soient vérifiés par un professeur d’histoire spécialisé dans la guerre d’Algérie. »

 

PPLB : l’aspect documentaire est très pointu dans votre livre.

GS : j’ai effectué un énorme travail de recherche et de documentation, j’ai souhaité que les choses soient exactes et coïncident avec la réalité. J’ai tenu à ce que mes travaux soient vérifiés et validés par un professeur d’histoire spécialisé dans la guerre d’Algérie.
Il était important pour moi de dépeindre, au détail près, la ville d’Oran dans laquelle se déroule l’histoire, l’exactitude des rues, des commerces et de la vie communautaire. Grâce à ce travail de documentation, j’ai ainsi pu retracer dans mon imaginaire les évènements de l’époque. Certains anciens ont d’ailleurs été très heureux de retrouver les détails de leur ville d’origine.
J’ai voulu, à mon niveau, proposer un véritable mélange entre une enquête policière et les conditions socio-géographiques de cette époque.

PPLB : la lecture est-elle l’un de vos passe-temps favoris ?

GS : elle a toujours tenu une place importante dans ma vie. Mes lectures sont très hétéroclites, des romans aux ouvrages historiques, de Stephen King, Jules Verne, Tom Clancy au dernier Houellebecq.
J’aime les grands auteurs de la littérature française.
Actuellement, je relis « Les rêveries du promeneur solitaire » de Jean-Jacques Rousseau… Autant dire que cela n’a rien à voir avec les histoires de police !

PPLB : avez-vous un projet de nouveau livre ?

GS : depuis la sortie du livre, on me parle souvent de suite, de trilogies policières. Mon projet est de continuer sur ce même thème, de maintenir un lien avec le héros du « Chat d’Oran »… Pour tout vous dire, j’ai déjà commencé à travailler sur ce second opus, en espérant le terminer avant quatre ans…

PPLB : l’écriture, votre futur métier ?

GS : pas pour le moment, mais c’est quelque chose que j’aime et je n’exclus pas que cela devienne ma passion première dans l’avenir. Le plaisir d’écrire et le plaisir d’être lu.

PPLB : vous êtes depuis peu chef de service au SDLP, est-ce que l’action de la BRI ne vous manque pas ?

GS : c’est un autre métier tout aussi passionnant mais je reste policier. Mon passé à la BRI m’aide beaucoup dans l’anticipation et la gestion du stress. Je retrouve un peu les mêmes codes : poser les problèmes, mener une réflexion et engager une action.

 

Le chat d’Oran, de Georges Salinas, Mareuil Editions, 272 pages