Interview : Justine, monitrice et policière équestre
Policière depuis 2012 (adjointe de sécurité en brigade de soutien des quartiers à Saint-Denis puis gardien de la paix à Aulnay-sous-Bois en brigade police secours, et en brigade spécialisée de terrain), cavalière depuis l’âge de 5 ans, Justine est, depuis juin dernier, policière mais également monitrice au sein de la brigade équestre de Seine-Saint-Denis.
Cette double casquette lui permet d’être sur le terrain, de former en parallèle ses collègues et leurs montures mais aussi d’intervenir auprès des plus jeunes notamment dans le cadre de l’opération Ville Vie Vacances (VVV).
En quoi consiste votre mission de monitorat ?
Elle s’exerce plus spécifiquement l’hiver avec le travail des chevaux et celui des cavaliers.
En qualité de gardien de la paix, j’encadre en cours les effectifs de police.
Mais le rôle du moniteur est également de former les jeunes chevaux. Je prends pour exemple « BUENOS » auquel je me suis attachée à mon arrivée il y a 6 mois : c’est un cheval que nous avons dressé à deux avec Denis, un autre moniteur (NDLR : la brigade compte 3 moniteurs). Nous lui avons appris son travail, de sorte qu’il peut être monté aujourd’hui par tous les cavaliers.
Comment sont sélectionnés les chevaux pour entrer dans la brigade équestre ?
Concernant la sélection physique des chevaux, nous recherchons des chevaux à robe foncée, de grande taille et de préférence très jeunes, et sur le plan mental qui puissent être des chevaux réactifs, polyvalents et francs.
Une visite vétérinaire est établie afin de s’assurer de la compatibilité du cheval avec le métier.
Quels sont les avantages des chevaux en intervention sur le terrain ?
Ils offrent une facilité d’accès tout terrain, en milieu urbain, dans les parcs ou en forêts. Nous avons une meilleure visibilité à cheval et nous constatons que la présence de l’animal génère un pouvoir de dissuasion et de forts impacts, par sa masse, sa hauteur, sa franchise.
Nous intervenons en soutien et en renfort d’autres policiers. Etre à cheval nous permet d’isoler, de protéger et d’extraire nos collègues à pied face aux individus hostiles. Nous protégeons les victimes et les sapeurs-pompiers.
Nous avons également une forte efficacité pour repousser une foule. Deux chevaux remplacent 6 fonctionnaires à pieds.
« Les chevaux se révèlent être une force en plus »
En quoi consistent vos interventions VVV ?
Il s’agit d’une activité proposée, depuis plusieurs années, à l’ensemble des centres de loisirs de la Seine-Saint-Denis. Elle permet de faire bénéficier gratuitement d’une initiation à l’équitation toutes les communes à tour de rôle.
Nous intervenons pendant les petites et grandes vacances (NDLR : la prochaine session équitation aura lieu au printemps). Le matin est consacré aux 8-12 ans avec des poneys de l’UCPA, et l’après-midi, aux 12-18 ans avec des chevaux.
Comme beaucoup de ces jeunes n’ont jamais approché de chevaux, l’idée est de leur faire découvrir l’animal, leur proposer une initiation à la pratique équestre, les encadrer et les guider dans leur apprentissage.
Quels messages de prévention ou valeurs l’équitation véhicule-t-elle ?
La pratique du cheval demande de la concentration, de la rigueur et du calme. Les jeunes participants ont un peu peur au départ et sont obligés de suivre nos conseils et directives puisqu’ils ne connaissent pas cet univers. Cela permet d’instaurer naturellement un lien de confiance. Les enfants qui auraient un comportement un peu dissipé, voient leur attention canalisée et sont obligés de recentrer leur énergie.
Ceux qui reviennent assez régulièrement prennent ensuite un peu plus les devants face aux chevaux. L’intermédiaire de l’animal offre une bonne relation avec l’enfant.
Avez-vous des questions surprenantes de la part des jeunes participants ?
Oui, nous répondons à beaucoup de questions sur les chevaux : « Que mangent-ils ? Est-ce une fille ou un garçon ? ». Des questions d’enfants mais qui montrent à quel point ils sont très curieux et ont envie de mieux connaître l’animal.
Ils nous interrogent sur le métier de policier qu’ils découvrent également. Comme l’été, nous ne portons pas nos blousons mais un t-shirt « Préfecture de Police », les enfants ne réalisent pas tout de suite que nous sommes policiers. Mais lorsqu’ils comprennent, ça les intrigue : « Avez-vous votre arme ? Vous arrêtez les voleurs ? Vous êtes vraiment policiers ? ».
« Il y a un vrai lien qui se crée avec la population »
Cela suscite-t-il des vocations ?
Cet été, lors de VVV, deux petits garçons d’une cité de la Courneuve m’ont dit qu’ils souhaitaient devenir policiers. Preuve que nous véhiculons une bonne image de la police !
Nos collègues ont également été sollicités par des jeunes, alors qu’ils patrouillaient dans la Cité des 4000. Ils leur ont demandé de nos nouvelles, alors que nous les avions encadrés en activité VVV, et ont précisé : « On revient aux vacances prochaines ! ».
Quels conseils pourriez-vous donner à un jeune passionné d’équitation qui souhaite faire ce métier ? 
Il faut aimer le métier de policier ! Quand on entre dans la police, ce n’est pas uniquement pour intégrer la brigade équestre mais bien pour être policier avant tout.
Notre métier de policier est donc la motivation première, avant l’amour des chevaux.
Concernant les critères d’entrée ce sont les mêmes que pour être gardien classique. Nous sommes policiers et avons cette spécificité d’être à cheval. Rien ne nous différencie de nos collègues en commissariat.
« Il faut être policier avant tout, pas cavalier de métier. »
Combien de policiers seront présents au salon du cheval ?
Toute l’équipe va se relayer pour y participer. Nous serons présents sur le stand du Ministère de l’Intérieur et effectuerons des démonstrations.
Nous allons également sécuriser l’événement en patrouillant autour du parc des expositions. Pendant le salon, nos missions continuent en parallèle, sur Paris, sur les Champs-Elysées où nous patrouillons, toujours à deux, toute l’année, en particulier sur le marché de Noël. Nous allons assurer notre travail.
Quel programme attend les visiteurs ?
Son collègue, Denis, intervient : je l’ai fait un certain nombre de fois ! La représentation permet au public, notamment celle hors Paris et Ile-de-France, de découvrir les chevaux de la police et de la brigade équestre. Nous proposons des démonstrations très dynamiques en rapport avec nos activités sur le terrain, ce qui surprend. Ainsi, nous mettons en scène des interventions sur la voie publique ou des mouvements de foule. Un petit programme de 10 minutes donnant un aperçu de nos missions !
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Retrouvez Justine, BUENOS et toute l’équipe de la brigade équestre au salon du cheval !