DECRYPTAGE Salon du polar : pièce de théâtre et scène de crime

Du jeudi 16 au dimanche 19 novembre, le 13e arrondissement accueille le salon du polar (Mairie du 13e – 1 place d’Italie).

La préfecture de Police participe à l’événement avec la présence des équipes du musée de la préfecture de Police et de l’identité judiciaire qui effectuera une démonstration de gestion de scène de crime et proposera une pièce de théâtre, reconstitution d’un fait divers.

 

 


VOS RENDEZ-VOUS

Samedi 18 novembre, à 16h, l’unité de formation et de communication du service régional de l’identité judiciaire (SRIJ) vous attend pour une démonstration de scène de crime.

Dimanche 19 novembre, à 17h, la clôture du festival se fera autour d’une pièce de théâtre reconstituant la garde à vue de celle qui fut surnommée « l’ogresse de la goutte d’or » (fait divers du début du XXe siècle).

⇒ Retrouvez le programme complet du festival, les animations et les nombreux invités de prestige qui vous y attendent

 

RENCONTRE AVEC L’AUTEUR ET SON COMÉDIEN

L’auteur, metteur-en-scène de cette pièce et l’un de ses comédiens, tous deux policiers à la préfecture de Police, ont bien voulu répondre à nos questions sur la mise en place d’une telle création originale.

Préf Police le blog : pourquoi avoir choisi l’affaire de « l’ogresse de la goutte d’Or » ?

Gilles Reix, major de police au SRIJ, auteur et metteur-en-scène de cette reconstitution : dans le cas présent, les organisateurs m’ont demandé d’écrire une petite pièce d’environ 30 minutes pour clore le salon Paris-polar 2017. Le thème imposé était une histoire autour de Jeanne Weber qui fut une tueuse en série entre les années 1905 et 1908.

Il fallait être « raccord » avec le thème du salon « les femmes face au crime ». De plus, une exposition avec documents d’archives, est programmée sur « l’ogresse de la goutte d’Or », comme on appelait Jeanne Weber à l’époque (NDLR : exposition réalisée par Pierre Piazza de Criminocorpus, les 18 et 19 novembre, salle des fêtes de la mairie du 13e arr.)

Mais cette meurtrière était particulière car en son temps, elle avait déjà été interpellée, jugée en Cour d’assises pour plusieurs assassinats d’enfants et innocentée à deux reprises grâce à son brillant avocat et aux experts médico-légaux.

A l’époque, ce fut une affaire très médiatique qui alimentait régulièrement les unes des journaux.

 

PPLB : comment écrit-on une telle pièce à partir d’un fait réel ?

GR : j’ai imaginé un dialogue entre cette femme interpellée le soir de son dernier crime à Commercy (Meuse) et le commissaire de police Godart chargé de son interrogatoire.

Outre l’interrogatoire conduit par le commissaire, en cette nuit du 10 mai 1908, et en accord avec les acteurs que je connais bien pour certains, nous avons inclus deux autres voix qui racontent au public le passé trouble et sulfureux de cette criminelle. J’aime quand l’écriture devient collective, surtout pour aider à ce que le texte soit appris et apprivoisé librement.

Ce fut donc pour moi, une immersion historique dans ce parcours criminel, avec le souci de mettre en place un huis clos intimiste durant cette « garde à vue » particulière, en relatant l’ambiance de l’époque et sans m’éloigner de la vérité.

Le temps d’écriture, très court, qui m’était imparti a fait que j’ai largement construit les dialogues sur les articles de presse, ou les archives judiciaires ayant couvert le parcours meurtrier de Jeanne Weber.

Quant à la mise en scène, elle sera simple et épurée dans la salle des mariages de la mairie où la représentation doit être donnée. Nous ne pouvons pas bénéficier d’une vraie scène de théâtre avec décors et lumières.

Dans la réalité comme dans la fiction, les auteurs comme les acteurs doivent toujours savoir s’adapter.

 

PPLB : quel travail préparatoire est réalisé par les comédiens (policiers) ? Tous les dialogues sont-ils écrits ?

Norbert Fleury, technicien de police technique et scientifique au SRIJ, comédien : voilà quelques années nous avions créé une troupe de théâtre au sein de l’Association Artistique de la préfecture de Police. C’est pour cela que nous avons déjà des automatismes entre l’auteur (Gilles) et les comédiens (Caroline, Nathalie et Léopold). Même si nous avons joué ensemble pendant plusieurs années (sur des pièces toujours écrites par Gilles), je n’avais jamais eu le rôle d’un policier, ce sera donc une première.
Pour me préparer à incarner le Commissaire Godart, j’ai lu de nombreuses archives sur l’affaire traitée et vais m’inspirer d’expériences vécues et de fictions (comme les séries de Maigret) afin d’être au plus près de la vérité.
Tous les dialogues ont été écrits, mais Gilles nous laisse la liberté de les modifier pour être plus à l’aise, mieux s’approprier les répliques. Du moment que la cohérence et la chronologie ne sont pas modifiées, cela ne dérange pas.
Pour la cinquième participation du SRIJ au festival Paris-Polar, nous allons innover avec ce format original pour la clôture de cette édition.

 

 

PPLB : à quoi les spectateurs doivent-ils s’attendre ?

GR : la pièce de théâtre s’adresse plutôt à des adultes ou des ados avertis mais ce spectacle reste dans l’esprit du salon lui-même avec auteurs de romans-policiers, tables rondes, expositions et histoires sombres.
Il y a forcément des descriptions sur les modes opératoires de Jeanne Weber. Il faut s’attendre à la triste réalité de ce que furent la vie, les démons et les actes de cette femme.
J’espère que les spectateurs pourront aller « visiter » l’esprit torturé de cette femme, oscillant entre fragilité et noirceur.
Toutefois, ce n’est pas plus ou pas moins, qu’une affaire importante dont nous pourrions encore avoir connaissance aujourd’hui dans notre presse télévisuelle, radiophonique ou écrite.
Si le 19 novembre un public jeune est le bienvenu, pour les plus petits je conseillerais tout de même un dimanche après-midi au square (NDLR : la promenade polar, inscription en ligne ) !
Cela dit, l’entrée est libre. Une meurtrière sera dans la salle. Aux risques et périls de chacun !