INTERVIEW : Raynal Pellicer, auteur de « Brigade des mineurs »
Après « Brigade Criminelle, immersion au cœur du 36, quai des Orfèvres » et « Enquêtes générales, immersion au cœur de la Brigade de répression du banditisme », le duo que forme Raynal Pellicer avec l’illustrateur Titwane revient avec le dernier opus de la série : « Brigade des mineurs ». Un nouveau récit dessiné clôturant avec brio le triptyque sur la police judiciaire parisienne.
« On retranscrit la réalité par le filtre du dessin. »
« Brigade des mineurs » est le dernier opus d’une série de trois romans illustrés. Comment est né ce projet original ?
C’est un concours de circonstances, je voulais faire un documentaire télé sur la BRB (NDLR : Brigade de Répression du Banditisme) mais cela a été refusé. Pour rebondir, nous sommes partis sur l’idée d’un récit illustré mais avec pour intention première qu’il s’agisse d’un one shot (NDLR : une diffusion unique).
Lors d’une séance de dédicace pour ce premier ouvrage, nous avons lancé l’idée à la PJ – un peu sur le ton de la plaisanterie ! – d’en lancer un second et finalement cela a porté ses fruits puisqu’on a lancé le deuxième sur la brigade criminelle puis ce troisième.
Pourquoi se pencher sur la brigade de protection des mineurs ?
La brigade de protection des mineurs (BPM) a un spectre d’affaires très larges qui nous a particulièrement intéressé.
Livre illustré, roman graphique, etc., comment définiriez-vous votre ouvrage ?
C’est un reportage dessiné. Il n’entre pas dans la catégorie des romans graphiques. C’est un genre qui devient plus commun.
Comme il n’était pas possible de filmer, ni de diffuser de photos, l’illustrateur Titwane – avec lequel j’avais déjà travaillé sur une série télévisée – a été intégré au projet dès le départ.
Feuilletez quelques illustrations extraites de l’ouvrage « Brigade des mineurs »
Un troisième ouvrage sur la police judiciaire vous semblait-il plus facile d’approche ou craigniez-vous de ne pas vous renouveler ?
Il y avait bien évidemment un risque de redite.
Aborder le troisième ouvrage était plus difficile à tous les niveaux car, quand je suis arrivé sur le projet de la BRB, j’étais néophyte sur le sujet. Alors que pour le troisième, nous étions plus au fait au niveau des procédures d’enquête. Il ne fallait pas perdre ce premier regard, cet aspect nouveau.
De plus, la matière était plus compliquée car le mis en cause à la BPM est plus infamant. Il s’agissait donc pour nous de nous positionner avec beaucoup de discrétion, ne pas être racoleur, comme le souligne un policier dans le livre (NDLR : l’extrait précis est « Si c’est pour faire pleurer la ménagère, édulcorer notre quotidien ou nous servir un truc larmoyant de plus, c’est pas la peine ! »). Nous n’avons pas édulcoré mais élimé. Disons que les angles sont arrondis.
Concrètement, comment vous êtes-vous immergés au sein de la brigade ?
Chaque lundi, la liste des affaires était déterminée par le chef. Je choisissais celles que je souhaitais suivre puis j’intégrais le groupe. J’étais avec ses membres toute la journée, dès 5h du matin quand ils devaient intervenir, ou la nuit lorsqu’ils travaillaient de nuit.
J’étais dans un rôle d’observateur et pour cela, « il faut les coller ». C’était une immersion longue durée, même si à la BRB, cela a duré cinq mois et à la BPM, deux mois.
Si au début on fait attention à vous, très rapidement vous faites partie des meubles. Cela devient plus naturel et vous gagnez en confiance.
Comment s’est organisé l’agencement entre le travail d’écriture et celui d’illustration ?
Titwane est venu durant une semaine pour s’imprégner des lieux.
De mon côté, je prends des notes durant l’immersion ainsi que des photos. Puis j’écris, je structure.
Ensuite Titwane imagine le découpage idéal, je lui envoie des photos, il structure.
A la fin, le tout est soumis à validation au chef de service, à la PJ et au Parquet des mineurs.
Votre objectif est-il de coller au plus près de la réalité ?
On capte des moments et on retranscrit la réalité par le filtre du dessin. Au travers des commentaires, les affaires sont contextualisées.
On nous a demandé de changer les lieux, les dates, les noms. L’idée est évidemment de ne jamais mettre en danger la procédure.
Cette trilogie étant désormais close, quel regard portez-vous sur le projet ?
Les trois ouvrages sont vraiment différents. La BRB était plus axée sur la traque des braqueurs. La Crim’ sur « le mal absolu ». Je pense que ce dernier opus touche sans doute plus de gens.
Mais à titre personnel, nous sommes heureux de la trilogie dans son ensemble.
D’autres projets de reportage sont en cours, sans la PJ et probablement avec des photos. Ce qui nous intéresse toujours est d’aller là où c’est compliqué d’aller.
Visuels des Editions de la Martinière © Titwane
Brigade des mineurs
De Raynal Pellicer – Titwane
208 pages
Editions La Martinière
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